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Organiser un congrès: d’une rive à l’autre

Ce texte fait partie d'un cahier spécial.

Les couronnes sud et nord de Montréal ont beaucoup à offrir aux gens d’affaires en quête de lieux où tenir des réunions, des congrès ou tout autre événement d’affaires. Et cela, malgré la concurrence que leur livre l’île de Montréal. Aperçu de l’offre existante et de ce qui s’en vient.

Le territoire des couronnes sud et nord de Montréal s’est beaucoup urbanisé au cours des dernières années, et les infrastructures d’accueil pour les touristes d’affaires et d’agrément ont suivi. Elles attirent de plus en plus les gens d’affaires. C’est que ces régions offrent un produit et un environnement différents de ce qui est proposé à Montréal. Circulation fluide, installations souvent plus champêtres, activités de plein air à proximité, agrotourisme… Autant d’éléments susceptibles d’intéresser les gens d’affaires.

Brasser des affaires sur la Rive-Sud

La Montérégie est un vaste territoire qui s’étend de Sorel jusqu’à Salaberry-de-Valleyfield. Son parc hôtelier compte près de 4600 chambres, auxquelles il faut ajouter 280 salles de réunion. Bien que Tourisme Montérégie ne possède pas de chiffres précis sur la composition de sa clientèle d’affaires, l’organisme sait que la majorité de ces gens proviennent du Grand Montréal.

« Nous avons quelques clients de Sherbrooke, nous tentons de développer le marché de la région de Québec et nous avons aussi des clients internationaux qui proviennent surtout des États-Unis », dit Caroline Lebon, responsable des marchés spécialisés à Tourisme Montérégie. « La sous-région du Suroît attire quant à elle plusieurs gens d’affaires de la région d’Ottawa. Nous savons aussi que les quelques grandes entreprises présentes sur notre territoire (comme Rio Tinto à Sorel, Pratt et Whitney à Longueuil et l’Agence spatiale canadienne à Longueuil) organisent des événements qui attirent des gens de l’extérieur. »

Selon une estimation de Mme Lebon, le tourisme d’affaires compterait pour 60 % des nuitées dans les hôtels de la région. « Les gens d’affaires aiment la Montérégie, car elle dispose d’avantages indéniables, affirme-t-elle. Sa situation géographique est centrale, près de Montréal et entre les grands centres comme Québec et Toronto. On peut y accéder par six autoroutes à la circulation généralement fluide, le stationnement et le wifi sont gratuits, elle se trouve à 25 minutes de l’aéroport international Montréal-Trudeau et offre une diversité d’activités. »

 

La Montérégie est traversée aussi du sud au nord par la rivière Richelieu (un axe chargé d’histoire), le long de laquelle se trouve une hôtellerie bien adaptée pour des réunions de type lac-à-l’épaule, des comités de direction ou des soirées de départ à la retraite, par exemple. Mme Lebon mentionne le Manoir Rouville Campbell, à Mont-Saint-Hilaire, l’Auberge Handfield et l’hôtel Les Trois Tilleuls, ces deux derniers se trouvant à Saint-Marc-sur-Richelieu.

Une réunion sur le pont

Une nouveauté cette année dans la région : la possibilité de louer un des onze bateaux de la flotte du croisiériste Navark. « Ces bateaux sont disponibles pour la location à partir de plusieurs villes de la Rive-Sud, dont Longueuil, Châteauguay, Salaberry-de-Valleyfield et Sorel-Tracy, affirme Mme Lebon. Auparavant, ils n’étaient offerts qu’à Longueuil. » Ces bateaux sont de différentes tailles, pouvant accueillir de 12 à 200 personnes, selon les besoins. À cela s’ajoute la possibilité de louer une île privée dont la capacité d’accueil atteint jusqu’à 400 personnes. Pour tous ces forfaits, l’entreprise offre une formule clé en main où tout est prêt à l’arrivée des clients. Cela peut être intéressant pour la tenue d’un lac-à-l’épaule, des séances de remue-méninges ou un lancement de produit, mentionne-t-on sur le site Internet de l’entreprise.

D’autre part, plusieurs hôtels de la région se modernisent, rénovent ou accroissent leur capacité d’accueil. Ainsi, à Boucherville, la chaîne Imperia Hôtels et Suites a ouvert son premier établissement sur la Rive-Sud au début du mois. L’hôtel compte 80 unités d’hébergement et 3500 pieds carrés de salles de réunion et de banquet à la fine pointe de la technologie. Un investissement de 15 millions en bordure de l’autoroute 20.

Toujours à Boucherville, l’hôtel Mortagne, près du fleuve, a ajouté 80 chambres à son établissement en 2018. Le restaurant Sens, dans l’établissement, a aussi été agrandi de près du double de sa superficie d’origine. Une terrasse plus grande et plus accessible y a aussi été ajoutée.

Près de Boucherville, à Longueuil, l’hôtel Holiday Inn (142 chambres) a rénové son vaste atrium, dans lequel on trouve un avion suspendu. « Les 10 salles de réunion et de congrès pouvant accueillir jusqu’à 275 personnes ont aussi été rénovées, affirme Mme Lebon. Elles sont dorénavant plus lumineuses. »

Dans le Suroît, le seul établissement hôtelier cinq étoiles en Montérégie, le Château Vaudreuil, a aussi fait peau neuve. « L’hôtel a refait ses salles de réunion et installé de l’équipement audiovisuel de haute technologie, explique Mme Lebon. Les phases II et III, à venir, permettront de procéder à une mise à niveau des chambres et du restaurant. »

Enfin, sur le bord du Richelieu, à Saint-Marc, l’hôtel Les Trois Tilleuls (propriété de l’humoriste Michel Barrette) offre maintenant une salle de réunion de plus pouvant accueillir de 100 à 230 personnes. S’ajoutant aux six salles déjà existantes, cette nouvelle salle est la plus grande de toutes. L’établissement comprend aussi une salle de spectacle où l’humoriste donne des représentations.

Un service d’assistance

Étant donné la multitude de lieux d’hébergement et de réunion présents sur ce grand territoire, un service d’assistance est offert gratuitement par Tourisme Montérégie aux entreprises en quête d’un endroit où tenir une activité. Grâce à ce service, il est possible d’obtenir des renseignements sur les différents fournisseurs touristiques, leurs disponibilités et leurs tarifs.

Sur la Rive-Nord

Sur l’autre rive, Laval et le sud des Laurentides connaissent aussi une croissance de leur tourisme d’affaires. Selon Geneviève Roy, présidente-directrice générale de Tourisme Laval, la ville de Laval se démarque de Montréal par son emplacement de choix, à 18 kilomètres de l’aéroport international Montréal-Trudeau, son accessibilité aisée en métro (trois stations à Laval), les multiples activités qu’on peut y pratiquer, son excellente offre gastronomique et la facilité de trouver du stationnement.

« Laval représente une destination d’affaires complète, dit-elle. Par exemple, nous avons plusieurs sites de divertissement ouverts à l’année, comme le SkyVenture Montréal ou le Cosmodôme, un nouvel amphithéâtre, Place Bell, et plusieurs centres commerciaux. » Laval compte aussi 25 salles de réunion et de congrès et 1500 chambres d’hôtel.

Les chiffres démontrent d’ailleurs l’importance du tourisme d’affaires à Laval. Selon Mme Roy, 52 % des 1,8 million de touristes qu’accueille Laval chaque année sont des gens d’affaires. Sur le nombre total des touristes, 60 % de ceux-ci proviennent du Québec et 18 % du reste du Canada.

Les simplificateurs certifiés

Pour promouvoir le tourisme, Tourisme Laval a aussi développé un efficace outil de marketing : les simplificateurs certifiés. Il consiste en un groupe de 25 personnes provenant des équipes de vente des partenaires de l’organisme en mesure de fournir des informations sur les différents services offerts par Tourisme Laval, sur les produits touristiques et les nouveautés. Ces simplificateurs permettent d’offrir aux clients un service cohérent et uniforme, peu importe l’endroit où la personne se trouve sur le territoire.

De nouvelles installations

L’ouverture prochaine de quatre nouveaux hôtels sur l’île illustre bien la vitalité du tourisme. Ainsi, la chaîne hôtelière québécoise Grand Times a amorcé la construction d’un hôtel dans le quartier Centropolis. Réalisé en deux phases, il comprendra 300 chambres et des salles de réunion. Il s’agit d’un investissement de 65 millions de dollars dont l’ouverture est prévue en 2020.

Le groupe immobilier albertain Saroukian a quant à lui amorcé la construction de six tours de 15 à 22 étages qui comprendront un hôtel. Le projet est appelé Central Parc Laval.

Le Centre des congrès Palace, qui existe depuis 20 ans, fait pour sa part peau neuve. En avril prochain, on prévoit d’y construire un hôtel d’environ 200 chambres. Le complexe comprend déjà cinq salles de réception qui seront rénovées et qui, une fois combinées, offriront une superficie totale de 21 000 pieds carrés, soit la plus grande salle de réception à Laval.

 

Enfin, le Goupe Montoni, Claridge et le Fonds immobilier de solidarité de la FTQ prévoient d’investir 420 millions de dollars dans un développement immobilier appelé Espace Montmorency, à proximité de la station de métro Montmorency. Ce développement inclura la construction d’un hôtel.

« À terme, ces projets vont hausser de 40 % le nombre de chambres d’hôtel disponibles à Laval », affirme Mme Roy. Ces ajouts seront sans doute les bienvenus, car Laval compte déjà le meilleur taux d’occupation pour ces chambres d’hôtel au Québec (81 %).

Plus de 200 congrès et autres événements se tiennent à Laval chaque année. « Nous avons sondé les besoins de nos clients, dit Mme Roy. Résultats : le premier critère qui est apparu est la localisation. Avant, c’était le budget. Les gens voulaient en avoir le maximum pour leur argent. » Elle croit que la localisation est devenue primordiale parce que les gens manquent de temps. « Ils veulent avoir un endroit facile d’accès, avec du stationnement. »

Le tourisme d’affaires dans les Laurentides

Ailleurs sur la Rive-Nord et dans le sud des Laurentides, le tourisme d’affaires est moins important qu’à Laval. Selon Manon Lefebvre, directrice du marketing à Tourisme Laurentides, environ 10 % des revenus des hôteliers proviendraient de cette forme de tourisme. Dans certains hôtels, cela peut néanmoins représenter jusqu’à 50 % des revenus. Il s’agit toutefois d’une estimation, ajoute-t-elle. Des chiffres plus précis devraient être disponibles plus tard. Selon Mme Lefebvre, 70 % de la clientèle provient de la région de Montréal.

Malgré cette plus faible activité, la demande est là et l’offre se développe. Ainsi, à l’hôtel Lac Carling, à Grenville-sur-la-Rouge, on prévoit de faire l’ajout de 100 suites junior dont chacune comprendra une salle de réunion. L’hôtel comprend déjà quatre salles de conférence.

Tourisme Laurentides cherche à se distinguer en faisant valoir la variété des activités de plein air disponibles dans la région (ex. : ski, activités nautiques, randonnée pédestre), l’agrotourisme et les produits du terroir. « Nous avons aussi des hébergements avec un bon rapport qualité/prix, dit Mme Lefebvre. Ainsi que des chalets-condos, des restaurants de qualité. De quoi plaire aux gens d’affaires qui recherchent des lieux de qualité, tout en ayant la possibilité de faire des activités qui sortent de l’ordinaire. »